Washington, 22 mai 2025 – Depuis les salons feutrés de l’OEA, le Conseiller Présidentiel Smith Augustin a prononcé, avec toute la gravité d’usage, un appel à l’aide internationale face à la descente aux enfers sécuritaire que subit Haïti. Gangs surarmés, crime transnational, institutions désintégrées… le tableau est sombre, certes. Mais le remède proposé est-il à la hauteur du mal ? Et surtout, qui doit répondre à cet appel : les mêmes puissances qui, depuis des décennies, financent, arment ou tolèrent les réseaux criminels pour mieux justifier leur ingérence ?
Le discours d’Augustin, bien rédigé, évoque un plan de redressement sécuritaire fondé sur le renforcement institutionnel et la coopération régionale. Louable en apparence. Mais peut-on vraiment reconstruire une maison dont les fondations ont été sabotées de l’extérieur ? Le conseiller a prôné le respect des droits humains et de la souveraineté nationale, alors même que le pays attend, sous perfusion, l’arrivée d’une force multinationale dirigée par des États aux intérêts ambigus en Haïti.
Ce n’est pas un plan de sauvetage qu’il nous faut, mais une révolution de paradigme : rompre avec la logique d’assistance pilotée depuis Washington, oser une mobilisation populaire interne fondée sur la justice sociale, la souveraineté économique et la dignité nationale. Sinon, les symposiums succèderont aux missions d’experts, pendant que Port-au-Prince continue de brûler.
Le peuple haïtien ne demande pas la pitié du monde. Il réclame la fin de l’hypocrisie diplomatique et des partenariats toxiques. L’heure n’est plus aux discours, mais à la réappropriation de notre destin collectif. Et cela ne viendra pas d’une salle de conférence à l’OEA.