Ce n’est plus une crise migratoire. C’est une campagne de terreur sexuelle.
En République dominicaine, être une femme haïtienne, aujourd’hui, c’est vivre chaque jour sous la menace d’un double viol : celui du corps et de la dignité. Quand ce ne sont pas les bus de la migration qui traquent, ce sont les agents eux-mêmes qui se transforment en prédateurs. Le choix est immonde : céder ou être expulsée. Survivre ou disparaître.
Et ce n’est pas un fantasme militant. El País l’a écrit noir sur blanc : des femmes comme Ruth à Punta Cana sont contraintes de se soumettre à des agents d’État pour éviter l’enfer du retour. Cela s’appelle du chantage sexuel institutionnalisé. Cela s’appelle du viol sous uniforme. Et c’est en train de devenir une politique migratoire officieuse.
Où est la communauté internationale ? Où sont les grands défenseurs des droits humains ? La réponse est simple : ils regardent ailleurs, comme toujours quand les victimes sont noires, pauvres, haïtiennes et femmes.
La République dominicaine ne gère pas une crise migratoire. Elle orchestre une déshumanisation systémique. Dans un pays où l’antihaitianisme est enraciné, ces femmes ne sont pas des citoyennes du monde. Elles ne sont que des corps jetables, silencieuses sous la peur, invisibles dans les rapports officiels, absentes des indignations diplomatiques.
Mais qu’on ne s’y trompe pas : chaque viol couvert, chaque abus toléré, chaque silence complice est une tache de sang sur la conscience des nations.
Assez. Il est temps que la République dominicaine soit nommée pour ce qu’elle est devenue dans cette affaire : un État prédateur. Et que la solidarité féministe, noire, haïtienne, caribéenne, s’organise — non pas demain, mais aujourd’hui.
Smith PRINVIL