Cap-Haïtien : Sous les discours, la défiance – quand le dialogue territorial patine sur le terrain

Cap-Haïtien, 16 mai 2025. À l’ombre des drapeaux déployés pour la Fête nationale, le Premier ministre Alix Didier Fils Aimé s’est présenté comme le chantre d’un « dialogue territorial » au service de la démocratie. Dans une salle soigneusement organisée, entouré de délégués et vice-délégués du département du Nord, il a rappelé les grandes priorités du gouvernement : organisation des élections, tenue d’un référendum constitutionnel, et retour à la sécurité. Un triptyque républicain qui, en d’autres temps, aurait résonné comme un appel à l’unité. Aujourd’hui, il peine à masquer une réalité autrement plus troublante.

Car sur le terrain, le contraste est brutal. À quelques kilomètres de la rencontre officielle, dans les quartiers périphériques du Cap, les habitants parlent d’une toute autre urgence : survivre. « On ne veut pas entendre parler de référendum quand on n’a même pas l’électricité ou la sécurité pour envoyer nos enfants à l’école », confie Jocelyne, une mère de famille de la zone de Shada. Le cynisme du décor officiel heurte la dureté du quotidien.

Le dialogue annoncé apparaît comme une mise en scène. Aucun représentant des organisations de base, des syndicats enseignants ou des associations de jeunes n’a été convié à la table. L’État parle à ses représentants, souvent désignés par en haut, sans contact réel avec les populations qu’ils sont censés représenter. Résultat : le « dialogue » devient un monologue, et la volonté d’inclusion se transforme en écran de fumée.

Des questions de fond restent sans réponse. Quel cadre légal garantira des élections réellement inclusives ? Comment organiser un référendum dans un pays partiellement contrôlé par des gangs armés ? Quels moyens pour sécuriser les bureaux de vote dans des zones devenues inaccessibles à l’administration publique elle-même ?

Les citoyens, eux, observent avec scepticisme. Beaucoup y voient une stratégie de légitimation d’un gouvernement en perte de confiance. « C’est une parade politique, pas une réponse à nos souffrances », tranche un jeune universitaire présent devant les locaux de la délégation départementale.

Au final, cette visite gouvernementale dans le Nord révèle autant qu’elle dissimule. Elle met en lumière la fracture entre l’État et sa base, entre des paroles institutionnelles et une réalité populaire écrasée par la misère, la peur et le sentiment d’abandon.

 

Smith PRINVIL

Apwopo Emmnanuel Hubert

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