Le Kremlin a parlé. Encore. Samedi 17 mai, alors que les pourparlers à Istanbul s’enlisaient dans le vide diplomatique, Moscou a réaffirmé ses lignes rouges : pas de sommet, pas de paix, sans soumission préalable. En clair, pas de rencontre entre Vladimir Poutine et Volodymyr Zelensky sans la reconnaissance par Kiev d’un ordre géopolitique imposé par la force.
Ce que la Russie nomme « conditions préalables », le droit international les nomme autrement : annexion, occupation, agression.
Exiger de l’Ukraine qu’elle reconnaisse la perte de la Crimée et des territoires conquis depuis 2022, qu’elle renonce à toute protection collective, qu’elle accepte sa propre vulnérabilité stratégique, revient à lui demander d’entériner sa défaite sans combat politique. Une paix dictée sous menace militaire n’est rien d’autre qu’une capitulation maquillée.
Mais Kiev ne cède pas. Et pour cause : comment parler de compromis quand les chars occupent encore 20 % du territoire, quand les drones tuent encore des civils, et quand le droit à l’autodétermination est foulé aux pieds par un impérialisme revanchard ?
En appelant à une refonte de « l’architecture sécuritaire européenne », Vladimir Poutine ne cherche pas une paix durable. Il veut une reconfiguration du monde à l’image des nostalgies soviétiques. Il veut l’affaiblissement durable de l’Europe, la dissuasion de l’OTAN, et le retour à une logique de zones d’influence qui a déjà ravagé le XXe siècle.
La guerre en Ukraine n’est pas une guerre régionale. C’est un test mondial. Celui de savoir si le droit du plus fort écrasera à nouveau le droit des peuples.
L’histoire nous a appris qu’aucune paix durable ne naît sous l’ombre de l’intimidation. Le véritable courage diplomatique ne consiste pas à forcer des accords sur les ruines d’un pays, mais à reconnaître le droit inaliénable de chaque peuple à choisir sa voie, ses alliances, son avenir.
Si la Russie veut la paix, qu’elle commence par retirer ses troupes. Alors, et alors seulement, la table des négociations deviendra un espace de dialogue — et non de diktat.
Smith PRINVIL