Ils avancent masqués, avec des mots creux comme “sécurité”, “solidarité”, “coopération régionale”. Mais qu’on ne s’y trompe pas : ce qui se joue entre le Kenya et la République dominicaine n’a rien d’une aide désintéressée à Haïti. C’est une opération d’encerclement, un verrouillage géopolitique où la souveraineté haïtienne est la grande absente.
Lundi, à Saint-Domingue, le ministre kényan des Affaires étrangères est venu chercher du soutien pour une mission qui n’a jamais été approuvée par le peuple haïtien. Il l’a trouvé, bien sûr. Car la République dominicaine, depuis longtemps, ne rêve que d’une chose : neutraliser Haïti, contenir ses pauvres, militariser la frontière, et transformer notre agonie en opportunité politique.
Sous prétexte de stabilisation, la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS) devient un cheval de Troie. Derrière les troupes kényanes — mal préparées, mal équipées, et déjà débordées — se profilent les agendas des grandes puissances : États-Unis, France, Canada. Des pays qui ont toujours voulu contrôler Haïti sans l’assumer frontalement. Aujourd’hui, ils délèguent ce rôle à d’autres, comme on sous-traite une guerre.
Et voilà qu’on invite la République dominicaine à participer activement à cette mascarade ! Un pays dont les dirigeants ont bâti leur popularité sur la peur et la diabolisation d’Haïti. Un pays qui expulse nos sœurs enceintes, qui construit des murs, qui criminalise la misère. Et maintenant, ce même pays se présente comme partenaire “humanitaire” ? Quelle hypocrisie !
Ce n’est pas de soutien militaire que nous avons besoin. Ce n’est pas de soldats étrangers qu’il nous faut. C’est de justice, de légitimité politique, et de reprise en main par le peuple haïtien lui-même.
Mais cela, ni le Kenya, ni la République dominicaine, ni leurs parrains occidentaux n’en veulent. Car un Haïti debout, organisé, conscient, est une menace pour l’ordre colonial déguisé qu’ils s’efforcent de maintenir.
Ce que nous vivons n’est pas une crise sécuritaire. C’est une guerre contre notre droit à l’autodétermination.
Face à cela, il ne suffit plus d’indigner. Il faut dénoncer. Refuser. Se lever.
Et dire haut et fort : Haïti n’est pas un champ de manœuvre, ni une arrière-cour. Haïti est une nation. Et elle n’a pas dit son dernier mot.
Smith PRINVIL