Fête des Mères 2025 : Au CERMICOL, des femmes oubliées qu’il faut enfin réinscrire dans la dignité et la justice sociale

Ce dimanche 25 mai 2025, à l’occasion de la fête des Mères, une délégation composée de hautes personnalités gouvernementales – la Conseillère-Présidente Régine Abraham, la Secrétaire générale de la Présidence Marie Élisabeth Régine Joseph Haddad, la Ministre de la Jeunesse, des Sports et de l’Action civique Niola Lynn Octavius, ainsi que le Directeur général du Ministère de la Santé publique – a effectué une visite au centre CERMICOL, à Delmas 33. Ce centre, qui accueille des femmes et jeunes filles en situation de grande vulnérabilité, est devenu un symbole tragique des carences d’un État incapable d’assurer la protection et le bien-être des plus fragiles.

Cette visite, annoncée par la Présidence comme un geste de solidarité et d’écoute, vient pourtant soulever une question lourde de sens : pourquoi faut-il que ce soit la fête des Mères pour que ces femmes, souvent reléguées à la marge de notre société, reçoivent enfin une attention médiatique et institutionnelle ? Pourquoi faut-il que l’émotion d’un jour détermine l’engagement d’un État envers des citoyennes dont la dignité est bafouée quotidiennement ?

Le constat est amer : au CERMICOL, ces femmes et jeunes filles vivent dans des conditions précaires, marquées par le manque de ressources, d’hygiène, de soins adaptés et souvent d’espoir. Pourtant, elles sont porteuses de vies, mères, sœurs, filles, et sont les maillons essentiels du tissu social haïtien. La remise de kits hygiéniques et les consultations médicales offertes par la délégation, bien que nécessaires, restent des gestes ponctuels face à des besoins structurels et urgents.

Au-delà de l’aide immédiate, c’est la question du respect des droits fondamentaux de ces femmes qui doit s’imposer dans le débat public : droit à la santé, à la sécurité, à l’éducation, à un logement décent, à l’autonomie économique et à la participation citoyenne. Leur situation rappelle que les politiques publiques en matière sociale sont encore largement insuffisantes, et que l’État haïtien doit se réinventer pour répondre efficacement aux défis que posent la pauvreté, la violence et l’exclusion, particulièrement envers les femmes.

Par ailleurs, cette visite est une invitation à réfléchir à la place des femmes dans la construction de la nation. Trop souvent réduites à des rôles subalternes ou à des victimes passives, elles sont en réalité des actrices de changement social, économique et politique. Il est temps de reconnaître que le progrès d’Haïti passe par la promotion réelle et effective des droits des femmes, et que chaque fête des Mères ne soit plus seulement une occasion symbolique, mais le point de départ d’actions concrètes, ambitieuses et durables.

Enfin, cette mobilisation autour du CERMICOL doit servir de levier pour déclencher une véritable politique nationale de protection sociale, intégrée, transparente et participative. La société civile, les acteurs politiques, les organisations de défense des droits humains et les citoyens doivent s’unir pour exiger de l’État qu’il mette en place des mécanismes pérennes en faveur des femmes vulnérables.

La fête des Mères 2025, avec cette visite officielle, aura permis de mettre en lumière des oubliées de la République, celles dont le cri de souffrance résonne dans l’indifférence générale. Que ce jour ne reste pas une simple date dans le calendrier, mais un appel à la justice sociale et à la dignité pour toutes les femmes haïtiennes.

 

Smith PRINVIL

Apwopo Emmnanuel Hubert

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