Haïti : l’« Accord Caribe », une nouvelle proposition politique face à l’impasse transitionnelle

Le silence de la rue a été rompu par des signatures. Ce samedi, dans un contexte de désillusion nationale et d’asphyxie politique, des dizaines de partis, plateformes sociales et organisations citoyennes ont paraphé l’« Accord Caribe » : un texte de rupture, de refus et surtout de proposition.

Face à une transition jugée illégitime, inefficace et hors-sol, cette initiative portée par la plateforme Zanmi Pèp n’a pas choisi l’ambiguïté. Elle exige le départ du Conseil présidentiel de transition (CPT) et du gouvernement dirigé par Alix Fils-Aimé, accusés d’avoir échoué sur toute la ligne : insécurité, paralysie institutionnelle, absence de calendrier électoral, gestion opaque.
« Nous n’avons plus de dirigeants. Ce que nous avons, ce sont des survivants du système, sans vision ni mandat du peuple », a lancé Me Abel Loreston, l’un des signataires, lors de la cérémonie de signature.

Depuis plus d’un an, le CPT peine à imposer sa légitimité. Né dans les cercles diplomatiques plus que dans les quartiers populaires, il gouverne à distance, au nom d’un peuple qu’il ne consulte guère. Pendant ce temps, les groupes armés étendent leur contrôle, les écoles ferment, les jeunes fuient, et la peur rythme le quotidien.

L’Accord Caribe ne se contente pas de dénoncer. Il propose un nouveau cadre de transition, fondé sur une gouvernance bicéphale — un Président et un Premier ministre choisis par consensus national — et sur un processus de dialogue réel, ancré dans le pays profond.

Les priorités énoncées par les signataires résonnent avec les urgences de la population : Sécurisation du territoire, Réactivation des institutions électorales, Lutte contre la corruption, Élections générales inclusives et crédibles. Il s’agit d’une tentative de reconstruction institutionnelle par le bas, sans attendre un signal de l’extérieur ou un feu vert des chancelleries.

L’Accord Caribe est d’abord un acte de dignité collective, celui de ceux qui refusent de céder au découragement. C’est le retour du politique au sens noble : celui du débat, de la confrontation des idées, de la responsabilité devant le peuple. Une rareté dans un pays où le pouvoir s’exerce souvent dans le mépris de la majorité silencieuse. Certes, les obstacles sont nombreux. Le pouvoir en place ne lâchera rien sans résistance. Et l’histoire récente a montré combien les élans populaires peuvent être récupérés ou étouffés. Mais ce 28 juin, une page a été ouverte — et peut-être, une brèche dans la façade d’un système à bout de souffle.

L’Accord Caribe n’est pas encore une victoire politique. Mais c’est une prise de position, un appel à l’insoumission démocratique, et une tentative d’imaginer enfin un pouvoir qui vienne du peuple, et non malgré lui.

 

Smith PRINVIL

Apwopo Emmnanuel Hubert

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