Haïti : la faim progresse plus vite que les ouragans, l’ONU impuissante face à l’urgence

Port-au-Prince – À l’approche de la saison des ouragans, c’est un autre fléau qui menace déjà de submerger Haïti : la faim. Et cette fois, l’alerte vient de l’intérieur même du système humanitaire. Le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations unies a lancé, mardi, un signal grave : sans aide immédiate et massive, il ne pourra pas faire face à une nouvelle catastrophe. Le pays est au bord du gouffre.

Selon le dernier rapport du Cadre Intégré de Classification de la sécurité alimentaire (IPC), 5,7 millions de personnes, soit plus de la moitié de la population haïtienne, sont en situation d’insécurité alimentaire aiguë. Parmi elles, 2,1 millions sont classées au niveau 4, celui de l’urgence, et 8.400 personnes atteignent déjà le niveau 5, le plus critique, équivalent à la famine.

Un chiffre glaçant. Une honte silencieuse. Et pourtant, Haïti continue d’être ignorée des priorités internationales. Haïti ne souffre pas seulement de catastrophes naturelles. Elle est prise dans un étau : instabilité politique chronique, effondrement économique, violences généralisées des gangs, et maintenant, faim de masse. Dans certains quartiers de la capitale et dans les zones rurales isolées, l’accès à la nourriture est devenu un combat quotidien, que l’on perd trop souvent.

Les distributions alimentaires sont rares, parfois impossibles à organiser à cause de l’insécurité. Le PAM, en manque de financements, se retrouve contraint de choisir qui aider – et qui laisser tomber. « Nous sommes confrontés à une situation où nous devons faire des choix inhumains. Nous manquons cruellement de ressources », a confié un responsable du programme sous couvert d’anonymat.

La détresse haïtienne n’est pas une surprise. Elle est documentée, annoncée, prévisible. Mais elle ne mobilise plus. Pas assez de caméras, pas assez de chiffres spectaculaires pour les donateurs. Pendant que les grands pays s’affrontent sur des priorités géopolitiques, Haïti meurt en silence.

Les ONG locales tentent tant bien que mal de combler les vides, mais leur action reste minée par le manque de moyens et l’insécurité constante. Les appels à l’aide lancés depuis des mois restent largement sans réponse.

Ce drame humanitaire n’est pas inévitable. Mais il nécessite une mobilisation rapide et massive : envois de vivres, financement d’urgence, soutien aux agriculteurs locaux, garanties de sécurité pour les travailleurs humanitaires. Il faut aussi des réponses politiques à long terme : Haïti a besoin de stabilité, de réformes structurelles, d’un avenir.

Chaque jour d’inaction condamne un peu plus ce peuple à une souffrance inutile. Face à une famine imminente, il n’y a plus de place pour les promesses creuses ni les « nous ne savions pas ».

Apwopo Emmnanuel Hubert

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