Haïti, l’extinction programmée des abeilles : un crime écologique sous silence complice

En cette Journée mondiale des abeilles, les dirigeants du monde multiplient les discours creux sur la protection de l’environnement. Pendant ce temps, en Haïti, les véritables pollinisateurs – abeilles, papillons, colibris – disparaissent à un rythme alarmant. Et personne ne s’en émeut. Pas les élites politiques. Pas les institutions internationales. Pas même les médias de masse qui préfèrent parler de « transition verte » tout en enterrant les dernières forêts encore debout.

Les abeilles meurent. Et ce n’est ni une coïncidence ni une fatalité. C’est le résultat d’un système construit pour détruire : importation massive de pesticides neurotoxiques bannis ailleurs mais vendus en Haïti par des multinationales sans foi ni loi, déforestation au profit de projets de « développement » dictés depuis Washington, abandon total de l’agriculture vivrière au profit de produits alimentaires importés à bas prix, extermination de la paysannerie sous les coups de l’élitisme urbain et de la dépendance économique.

Greenpeace nous le rappelle : 75 % de la production alimentaire mondiale dépend des pollinisateurs. 90 % des plantes sauvages aussi. Cela signifie qu’en tuant les abeilles, nous tuons l’avenir de notre alimentation. Cela signifie qu’en Haïti, où les importations écrasent l’agriculture locale, la disparition des pollinisateurs signe la mise à mort de toute autonomie alimentaire.

Mais au fond, qui cela dérange-t-il ? Certainement pas les institutions internationales, ni les agences « environnementales » financées par les bailleurs. Les mêmes qui prônent la croissance verte tout en poussant à la dépendance aux semences modifiées, aux engrais chimiques, aux « solutions technologiques » importées. Les mêmes qui ferment les yeux sur le pillage de nos ressources naturelles, la contamination de nos terres et la mort silencieuse des écosystèmes.

Ce n’est pas de développement durable dont Haïti a besoin, c’est de rupture radicale. Rupture avec le modèle néocolonial qui fait de notre pays un dépotoir toxique et un terrain d’expérimentation. Rupture avec les logiques d’importation qui étranglent la production locale. Rupture avec le mépris institutionnel envers les savoirs agroécologiques portés par nos paysans.

Il est temps de mettre un coup d’arrêt à ce suicide collectif. Protéger les abeilles, c’est bien plus qu’un acte symbolique : c’est une insurrection contre le système de mort qui nous est imposé. C’est un acte de souveraineté. C’est refuser de confier notre alimentation aux multinationales et notre environnement aux technocrates étrangers.

Tant que les abeilles meurent en silence, Haïti sera sous occupation écologique. Mais le jour viendra où le peuple se lèvera, non seulement pour défendre ses droits politiques, mais aussi son droit à vivre en harmonie avec la terre. Ce jour-là, les abeilles seront nos alliées.

 

Smith PRINVIL

Apwopo Emmnanuel Hubert

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