Le dossier Fritz Richardson Junior n’est plus une simple accumulation de faits divers ; il devient le miroir des failles et des espoirs de notre système judiciaire. Alors que le pays est encore sous le choc des allégations de trafic d’organes — un crime qui défie l’entendement et l’humanité — une nouvelle pièce vient s’ajouter à ce sinistre puzzle :une plainte pour abus de confiance et escroquerie.
L’information, révélée ce 15 décembre 2025, est accablante. Un stock d’anguilles, une marchandise de haute valeur, aurait été détourné par l’accusé au mépris de ses engagements. Ce passage du crime de sang au crime économique dessine un profil de prédateur polyvalent, dont l’audace semble n’avoir pour limite que l’impunité dont il a, semble-t-il, bénéficié jusqu’ici.
L’intervention, ce 17 décembre, du secrétaire général du Réseau haïtien des journalistes anti-corruption (RHAJAC) marque un tournant décisif. En montant au créneau, cette structure de vigilance ne fait pas que commenter une actualité ; elle jette un pavé dans la mare de l’inertie judiciaire. Son message est clair : le monde nous regarde, et la presse ne fermera pas les yeux.
La réaction du RHAJAC souligne une vérité amère : la peur change de camp, mais elle n’a pas encore disparu. Si la victime de ce vol de marchandises exige l’anonymat, c’est parce qu’elle sait que dénoncer un homme comme Richardson Junior, c’est s’attaquer à une pieuvre dont les tentacules pourraient s’étendre bien au-delà des salles d’audience.
Le Parquet de Port-au-Prince se retrouve aujourd’hui au pied du mur. La plainte est déposée, les documents circulent, et les journalistes anti-corruption veillent au grain. Plus aucune excuse ne saurait justifier la lenteur ou l’opacité.
Est-on face à un système capable de protéger ses citoyens, ou face à une machine grippée par les influences occultes ? La gestion du dossier des « anguilles » sera le test de crédibilité immédiat.
Si la justice ne peut pas trancher une affaire d’escroquerie documentée, comment pourra-t-elle rendre justice pour des crimes aussi complexes que le trafic d’organes ?
Le masque de Fritz Richardson Junior tombe. Il appartient désormais au Commissaire du Gouvernement de prouver que, dans cette République, personne n’est au-dessus des lois, et que le temps où l’on pouvait impunément trahir la confiance et disposer des biens d’autrui est révolu.
Echojounal echojounal.net