Le mal de la détention préventive prolongée en Haïti : un cri de détresse pour les droits humains

La République d’Haïti, pays aux luttes séculaires pour la liberté, se retrouve aujourd’hui enchaînée par une injustice silencieuse, persistante, et profondément inhumaine : la détention préventive prolongée. Ce fléau, pourtant connu de tous, gangrène notre système judiciaire, discrédite nos institutions et viole chaque jour un peu plus la dignité humaine.

Combien sont-ils, enfermés depuis des mois, voire des années, dans les geôles surpeuplées du pays, sans procès, sans défense, sans espoir ? Combien sont-ils, coupables uniquement de leur pauvreté, de leur invisibilité sociale, ou d’avoir eu le malheur de croiser un système indifférent à leur sort ? Leurs noms ne font pas la une, leurs visages ne circulent pas sur les réseaux sociaux. Et pourtant, ils sont les victimes d’une des plus graves crises des droits humains de notre temps.

En théorie, la détention préventive est une mesure temporaire. En pratique, elle est devenue une sentence à vie sans jugement. Dans certains cas, le temps passé derrière les barreaux dépasse la peine maximale encourue si le procès avait eu lieu. Une aberration. Une honte nationale.

Les prisons haïtiennes, véritables antichambres de l’enfer, ne sont pas seulement surpeuplées : elles sont indignes. Maladies, malnutrition, violence, absence de soins… c’est tout un système de déshumanisation qui s’y perpétue dans l’indifférence générale. Et pendant ce temps, la machine judiciaire s’enlise dans la lenteur, le manque de moyens, la corruption parfois, et une passivité coupable.

Il ne s’agit pas ici de pointer du doigt uniquement les magistrats, les policiers ou les dirigeants. Il s’agit de regarder en face une faillite collective : celle de l’État de droit, celle de la justice, celle de la nation. Ce combat pour une justice plus humaine ne doit pas être mené uniquement par les ONG ou les activistes. C’est une urgence nationale. C’est une exigence morale. C’est un devoir citoyen.

Le gouvernement haïtien ne peut plus se contenter de promesses ni de mesures cosmétiques. Il doit agir, concrètement et urgemment : réformer le système pénal, renforcer l’assistance judiciaire gratuite, revoir la politique carcérale, juger dans des délais raisonnables. Le droit à un procès équitable n’est pas un luxe. C’est un droit fondamental, garanti par notre Constitution et par les conventions internationales que nous avons ratifiées.

Enfin, que la communauté internationale ne détourne pas le regard. Elle a, elle aussi, une responsabilité dans la défense des droits humains partout où ils sont bafoués. Haïti ne peut affronter seule une telle crise sans soutien, sans pression diplomatique, sans assistance technique.

Il est temps de briser le silence. Il est temps de rendre justice à ceux qu’on a oubliés. Car chaque jour de détention injustifiée est une gifle à notre humanité. Et une société qui tolère l’injustice dans ses prisons finit toujours par la voir s’étendre à ses rues, à ses écoles, à ses institutions. Le combat pour les droits humains commence derrière les barreaux.

 

Smith PRINVIL

Apwopo Emmnanuel Hubert

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