Nicole Croisille s’en est allée, ce 4 juin, à l’âge de 88 ans. Une vie entière vouée à la scène, à l’émotion, aux mots chantés et joués. Une carrière unique, à la fois discrète et immense, à l’image de cette femme libre, passionnée, inclassable.
Danseuse, chanteuse, actrice : Nicole Croisille incarnait ce que le mot “artiste” a de plus noble. Elle entre dans le spectacle comme on entre en religion : sans retour possible. Elle chante dans les caves de Saint-Germain-des-Prés, puis traverse l’Atlantique pour mener la revue des Folies-Bergère à New York, avant de revenir en France et de croiser le destin de Claude Lelouch. C’est lui qui lui ouvre les portes du cinéma avec Un homme et une femme, et c’est elle qui grave à jamais le “Dabadabada” dans la mémoire collective.
Sa voix — chaude, puissante, vibrante — porte des titres inoubliables : Parlez-moi de lui, Téléphone-moi, Une femme avec toi, ou encore La Garonne. Elle incarne cette chanson française à la fois populaire et habitée, qui ne triche pas. Une voix à la tessiture rare, capable de douceur comme d’élans déchirants.
Dans les années 70, elle devient incontournable.
Dans les années 2000, elle se réinvente au théâtre. Jusqu’au bout, elle aura été fidèle à la scène, son refuge, sa patrie. Nicole Croisille n’a jamais cherché la lumière pour elle-même ; elle l’a portée, pour mieux éclairer les autres.
Aujourd’hui, une voix s’est tue. Mais son écho, lui, continue de vibrer. Dans nos souvenirs, dans nos disques, dans les mélodies d’un cinéma éternel.
Adieu Nicole. Merci pour tout ce que vous avez chanté, vécu, partagé.
Smith PRINVIL