Quand le patrimoine devient cible : Haïti, entre culture en péril et guerre silencieuse

En temps de guerre, les peuples civilisés s’entendent sur certaines règles. Même les conflits armés les plus violents respectent, tant bien que mal, des lignes rouges : les hôpitaux, les écoles, les lieux de culte, et surtout les patrimoines culturels. Ces derniers – forts historiques, musées, bibliothèques, monuments – sont considérés comme les témoins silencieux de la mémoire collective. Ils racontent l’histoire des peuples, leurs luttes, leurs espoirs. Ils méritent, à ce titre, d’être protégés.

Mais en Haïti, le chaos ambiant semble avoir balayé jusqu’à l’idée même de sanctuaire. Des gangs lourdement armés ciblent sciemment ces bastions de la mémoire nationale. Ce n’est plus un hasard. C’est une stratégie de terreur, un effacement programmé.

À Port-au-Prince comme dans certaines communes de l’Artibonite ou du Sud, des bâtiments historiques sont brûlés, pillés, profanés. Des centres culturels, des maisons d’écrivains, des bibliothèques communautaires disparaissent dans les flammes de la violence armée. Le pays n’a pas seulement perdu le contrôle de son territoire, il perd aussi les traces de son héritage.

Ceux qui s’attaquent au patrimoine culturel ne s’attaquent pas qu’à des murs. Ils s’attaquent à l’identité. Ils cherchent à imposer un monde sans racines, une terre de peur et d’amnésie. Et ce qui est plus grave encore, c’est le silence complice des institutions dites de la communauté internationale, pourtant si promptes à brandir la « protection du patrimoine mondial » dans d’autres régions du globe.

Où est l’UNESCO lorsque la mémoire haïtienne est réduite en cendres par des mains armées ? Où sont les voix indignées des défenseurs de la culture, quand des fresques historiques sont mitraillées, quand des écoles d’art sont désertées sous la menace ?

Le peuple haïtien, lui, ne baisse pas les bras. Des collectifs citoyens se battent pour documenter, pour sauver, pour reconstruire. Mais ils ne peuvent lutter seuls contre la machine infernale de l’oubli et de la destruction. Il est temps que cette guerre silencieuse contre la culture soit reconnue pour ce qu’elle est : une attaque contre l’existence même d’un peuple.

Protéger le patrimoine, c’est résister. C’est dire que la mémoire compte. Que la beauté, le savoir, l’histoire ne sont pas négociables. Que les pierres parlent et que leur silence imposé est un crime. Haïti mérite de reconstruire, mais elle doit aussi se souvenir. Et pour se souvenir, elle doit préserver ce qui reste de ses lieux de mémoire.

 

Smith PRINVIL

Apwopo Emmnanuel Hubert

Ou ka gade tou

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