Ce jeudi, les représentants de la plateforme politique ZANMI PÈP ont rencontré les responsables du Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH) dans le cadre d’un échange qualifié de « fructueux ». À première vue, l’initiative semble salutaire. Mais dans une Haïti exsangue, à genoux devant la violence armée, la misère et la faillite de l’État, les mots ne peuvent plus masquer l’urgence d’agir.
Cette réunion, tenue à huis clos dans la capitale, s’inscrivait dans un cycle de dialogues visant à sortir le pays de sa crise multiforme. Les échanges ont porté sur des sujets devenus dramatiquement familiers : l’explosion de l’insécurité, les violations quotidiennes des droits humains, et la nécessité d’organiser des élections libres et transparentes pour restaurer l’ordre constitutionnel.
Mais pendant que ces discussions se tiennent dans les sphères diplomatiques, le peuple haïtien attend autre chose qu’un communiqué de presse. Chaque jour, des familles fuient leur quartier sous la menace des gangs. Des enfants sont privés d’école. Des femmes sont violentées dans l’indifférence générale. Des citoyens meurent dans les rues, victimes d’un État absent et d’une communauté internationale souvent paralysée par ses propres contradictions.
Il ne suffit plus de « dialoguer ». Il faut nommer les coupables, protéger les victimes, agir sur le terrain. ZANMI PÈP, qui se positionne comme une alternative politique, doit se montrer à la hauteur de ses discours. Être du côté du peuple, ce n’est pas seulement participer à des réunions. C’est s’engager à refuser tout compromis avec les intérêts mafieux et les appareils corrompus.
Quant aux Nations Unies, leur mission ne peut se limiter à l’accompagnement technique. Elles ont une responsabilité historique dans le désordre institutionnel haïtien, et il est temps qu’elles soutiennent les véritables forces de changement, pas les figures épuisées d’un système en faillite.
Le soutien à des élections n’aura de sens que si celles-ci peuvent se tenir dans la dignité et la sécurité. Organiser un scrutin dans un pays captif des armes et de la peur serait un simulacre démocratique de plus.
Cette rencontre entre ZANMI PÈP et le BINUH aurait pu être insignifiante, comme tant d’autres avant elle. Mais elle peut aussi devenir un point de bascule, si elle s’accompagne d’un engagement réel, visible et courageux pour faire tomber les barrières de la peur et de l’impunité.
Haïti n’a plus le temps des promesses. Il faut des actions concrètes, des positions claires, des alliances sincères. Sinon, le pays continuera de sombrer, et les générations futures retiendront que face à la barbarie, ceux qui pouvaient parler ont choisi de se taire ou de temporiser.
Le peuple haïtien, lui, n’en peut plus d’attendre.
Smith PRINVIL