Le 22e Mondial de football se tient au Qatar du 20 novembre au 18 décembre. Pendant un mois, 32 nations vont se battre pour graver leur nom sur le trophée le plus convoité de la planète foot. Focus sur 11 hommes très attendus durant cette compétition, entre superstars au crépuscule de leur carrière, jeunes prodiges et maestro en quête de reconnaissance.
Lionel Messi (Argentine), la dernière occasion
Il est, à coup sûr, l’un des plus grands joueurs de tous les temps. Peut-être le plus grand, selon certains. Le débat ne sera jamais vraiment tranché. Mais en dépit de son génie, la Coupe du monde s’est toujours refusée à Lionel Messi. En 2006 et en 2010, l’Argentine s’était arrêtée en quarts. En 2014, elle avait perdu en finale contre l’Allemagne. Et en 2018, elle était sortie dès les huitièmes de finale face à la France, future championne du monde.
L’an dernier, Leo Messi avait enfin soulevé un trophée en sélection* avec la Copa America, après trois finales perdues. À 35 ans, pour ce qui est peut-être bien son dernier Mondial, le capitaine et meilleur buteur de l’histoire de l’Argentine (91 buts en 165 matches) peut-il conduire son pays jusqu’à un sacre après lequel il court depuis 1986 ? À l’époque, le numéro 10 était porté par un certain Diego Maradona… Pour Lionel Messi, c’est sans doute l’ultime opportunité de marcher dans les traces du « Pibe de Oro ».
* Il a aussi été sacré champion olympique en 2008 avec une sélection essentiellement composée d’Espoirs.
Kylian Mbappé (France), le patron attendu des Bleus
À seulement 19 ans et demi, Kylian Mbappé était déjà champion du monde. Il y a quatre ans et demi, l’attaquant était déjà un petit phénomène avec ses quatre buts inscrits, dont un en finale. Mais en Russie, le Parisien était un jeune adulte entouré de joueurs confimés comme Paul Pogba, Antoine Griezmann, Blaise Matuidi ou encore Raphaël Varane. Depuis, le joyau français a pris une dimension folle, et comme il le souhaitait, c’est lui qui incarne désormais l’équipe de France.
En l’absence des tauliers Pogba et N’Golo Kanté, avec un Griezmann en difficulté ces dernières saisons et un Karim Benzema dans un état de forme incertain avant le début de ce Mondial, les espoirs des champions du monde en titre reposent avant tout sur les épaules de Kylian Mbappé, qui fêtera son 24e anniversaire au sortir de la compétition. De plus, le buteur est revanchard après son tir au but raté contre la Suisse lors du dernier Euro.
Neymar (Brésil), génie en mission
20 ans après la dernière victoire du Brésil en Coupe du monde, Neymar veut rejoindre dans l’histoire les Ronaldo, Ronaldinho, Rivaldo et autres Kaka sacrés champions du monde au Japon et en Corée du Sud, ainsi que les gloires brésiliennes du passé. Il y a huit ans, lors du Mondial à domicile, une blessure grave au dos l’avait obligé à se retirer de la compétition, et l’attaquant avait assisté impuissant à la demi-finale désastreuse contre l’Allemagne. En 2018, en Russie, il n’avait pas brillé.
Aujourd’hui âgé de 30 ans, le joueur le plus cher de l’histoire (222 millions d’euros lors de son transfert du FC Barcelone au Paris Saint-Germain en 2017) fait potentiellement face à son ultime grand défi. Lui-même a laissé entendre que ce Mondial était peut-être sa dernière grande compétition avec la Seleçao. Coachée par Tite, la sélection se présente au Qatar dans la peau d’un favori. Avec un Neymar en grande forme depuis le début de la saison, ses chances sont réelles.
Mario Götze (Allemagne), le retour du héros
Qui l’eut cru ? Alors qu’on le croyait perdu pour le haut niveau après des années de galère, voilà Mario Götze de retour en équipe d’Allemagne. Hansi Flick a choisi de coucher son nom sur sa liste, alors que cela faisait cinq ans que le milieu offensif n’avait plus été appelé. Miné par des blessures, le prodige allemand n’avait pu se faire une place au Bayern Munich (2013-2016). De retour dans sa première maison, le Borussia Dortmund, il n’avait pas non plus retrouvé tout son éclat, entre 2016 et 2020.
Et puis, en sortie de Covid, Mario Götze est allé aux Pays-Bas, au PSV Eindhoven. Un choix judicieux car en l’espace de deux années là-bas, le joueur a remis les gaz. Désormais à Francfort, le droitier poursuit sur le même rythme, au point d’avoir convaincu Flick de l’emmener au Qatar. La Nationalmannschaft espère de Götze le même génie qu’il y a huit ans : en 2014, il était sorti du banc pour aller inscrire le but de la victoire en finale lors de la prolongation contre l’Allemagne.
Cristiano Ronaldo (Portugal), un empereur en quête de rebond
Dans son immense carrière, jamais Cristiano Ronaldo n’a connu un passage aussi difficile sportivement. Revenu à Manchester United à l’été 2021, le Portugais traverse une saison 2022-2023 cauchemardesque. En conflit avec son entraîneur Erik ten Hag et ses dirigeants, peu utilisé sur le terrain, « CR7 » a lâché tout son mal-être, sa déception et sa rancœur à l’égard des Red Devils. Le point de non-retour semble atteint.
Dès lors, cette Coupe du monde apparaît comme une occasion de retrouver la lumière et de repartir de l’avant pour Cristiano Ronaldo. Mais trouvera-t-il la bonne formule ? Car le Mondial n’a jamais été la compétition favorite du meilleur buteur de l’histoire. Depuis la demi-finale de 2006, les Portugais n’ont atteint que les huitièmes de finale en 2010 et 2018, et s’étaient même arrêtés dès le premier tour en 2014. Pour un homme de défis comme Cristiano Ronaldo, le Mondial qatarien est un gros morceau.
Pedri (Espagne), le futur de la Roja
Il va fêter ses 20 ans fin novembre, en pleine Coupe du monde, et ne semble pas payer de mine avec son 1,74m et ses 60 kilos. Mais les apparences sont trompeuses : Pedri est un virtuose au milieu de terrain. Il a de qui tenir. Issu de la Masia, la fameuse école du Barça, ce jeune joueur polyvalent a grandi en voyant l’Espagne conquérir le monde en 2010 avec Xavi et Andrès Iniesta à la baguette. Aujourd’hui coaché par le premier, Pedri incarne aussi bien l’avenir et le renouveau de la sélection nationale que du club catalan.
Les récompenses individuelles parlent pour lui. Golden Boy 2021 (comme Leo Messi, Kylian Mbappé ou encore Erling Haaland avant lui), Meilleur jeune de l’Euro 2021 où la Roja se hissa en demi-finales, lauréat du Trophée Kopa en 2021, Pedri fait déjà l’unanimité. Maintenant, il est temps de gagner en équipe. Et tout le football espagnol compte beaucoup sur lui pour retrouver les sommets.
Luka Modric (Croatie), la dernière danse
Les années s’égrènent, les joueurs passent, mais Luka Modric reste toujours cet élégant milieu de terrain aux pieds d’orfèvre. Bien sûr, Karim Benzema a crevé l’écran la saison dernière et a été le grand artisan de la nouvelle victoire du Real Madrid en Ligue des champions. Il n’est tout de même pas possible d’occulter l’importance du milieu croate, 37 ans et toujours aussi adroit et inspiré. Le vice-champion du monde demeure le patron de l’entrejeu madrilène comme croate.
Le Ballon d’Or 2018 avait conduit les siens jusqu’en finale en Russie. Au Qatar, la tâche s’annonce ardue, car l’équipe au damier semble, sur le papier en tout cas, moins brillante qu’il y a quatre ans. Attention bien sûr à ne pas la sous-estimer. Luka Modric se verrait bien réaliser un ultime coup d’éclat avant de mettre un terme à sa carrière internationale, comme il l’a déjà annoncé.
Kevin De Bruyne (Belgique), le guide des Diables rouges
Comme souvent depuis quelques années, la Belgique va à entrer en compétition avec des ambitions. Comment pourrait-il en être autrement quand on possède quelques-uns des meilleurs talents d’Europe dans son escouade ? Même si les déceptions répétées ont fait mal et octroyé aux Diables rouges une réputation d’éternels perdants, il est impossible de ne pas se méfier d’une telle équipe, qui plus est conduite par Kevin De Bruyne.
Incroyable sous les couleurs de Manchester City et sous les ordres de Pep Guardiola, le milieu offensif est aussi devenu un cadre de l’équipe coachée par Roberto Martinez. Avec le calvaire physique d’Eden Hazard depuis 2019, Kevin De Bruyne a pris une importance encore plus grande dans l’organisation belge. Il faut désormais concrétiser cette toute-puissance en emmenant la Belgique vers une reconnaissance tellement attendue.
Luis Suarez (Uruguay), le chant du cygne
Le cygne n’est sans doute pas l’animal qui sied le plus à Luis Suarez. Avec son instinct de prédateur des surfaces et son mauvais penchant pour les morsures (au sens propre), on comparerait plutôt l’Uruguayen à un requin. Cette Coupe du monde au Qatar ressemble pourtant bien à la dernière grande compétition de l’attaquant de bientôt 36 ans, dont la fin de carrière se rapproche.
Luis Suarez a déjà pris une décision importante en août dernier en quittant l’Europe, où il a affolé les défenses pendant 18 ans (Groningue et Ajax aux Pays-Bas, Liverpool en Angleterre, FC Barcelone et Atlético de Madrid en Espagne), pour revenir dans son club formateur, le Nacional, à Montevideo. Lui et son compère Edinson Cavani, qui va aussi souffler ses 36 bougies dans quelques semaines, vont disputer un dernier Mondial et encadrer la nouvelle génération de l’attaque uruguayenne, incarnée par Darwin Nunez et Facundo Pellistri.
Christian Eriksen (Danemark), brillant revenant
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Personne n’a oublié cette image terrible de Christian Eriksen inanimé sur le terrain de Copenhague, le 12 juin 2021, lors d’un match du Danemark contre la Finlande. Victime d’un arrêt cardiaque, le milieu de terrain a pu être ramené à la vie. Ils étaient nombreux, alors, à penser que sa carrière de footballeur était terminé. Il n’en fut pourtant rien : désormais équipé d’un défibrillateur automatique, le Danois a repris la compétition modestement avec Brentford et la sélection nationale. Et ses performances lui ont ouvert rapidement la voie de Manchester United.
Oubliée ou presque, la mésaventure d’il y a 18 mois. Christian Eriksen est bien vivant et toujours aussi élégant sur le pré vert. « La sélection est meilleure avec Christian que sans lui. Son calme est contagieux et toute l’équipe est à même de prendre les bonnes décisions », a déclaré le sélectionneur Kasper Hjulmand, qui n’a pas hésité un instant à l’inclure dans son équipe pour le Qatar, pays où le Danemark arrive avec des ambitions assumée. Demi-finalistes du dernier Euro, les Danois viennent notamment de battre à deux reprises la France championne du monde en l’espace de quelques mois.
Son Heung-min (Corée du Sud), l’espoir de tout un pays
30 ans, l’âge de la maturité. Incontournable à Tottenham, son club depuis 2015, Son Heung-min a atteint un niveau impressionnant. Hyper rapide, dribbleur et buteur, le Sud-Coréen sait tout faire. Chez les Spurs, il a terminé la saison dernière meilleur buteur de Premier League avec 23 réalisations (à égalité avec l’Egyptien de Liverpool Mohamed Salah). Et 20 ans après les exploits de Guus Hiddink, Ahn Jung-hwan, Seol Ki-hyeon et compagnie, qui avaient atteint les demi-finales de la Coupe du monde, la Corée du Sud se prend à rêver à un nouveau destin doré, dans le sillage de Son Heung-min.
Une frayeur a parcouru tout un peuple quand l’attaquant s’est blessé contre Marseille en Ligue des champions début novembre. Victime d’une fracture orbitaire, Son a dû se faire opérer, laissant planer le doute. Mais le Sud-Coréen a déjà prévenu qu’il ne raterait ce rendez-vous « pour rien au monde », car il s’agit d’un « rêve ».