Haïti – La Police nationale célèbre ses 30 ans dans un contexte sécuritaire alarmant

Port-au-Prince, jeudi 12 juin 2025- La Police nationale d’Haïti (PNH) célèbre ce jeudi 12 juin 2025 son 30e anniversaire, sur fond d’une crise sécuritaire sans précédent. Créée en 1995 pour remplacer les Forces armées d’Haïti dissoutes à la suite de la transition démocratique, la PNH devait incarner une force civile, professionnelle et apolitique chargée de garantir la sécurité de la population. Trente ans plus tard, le bilan reste contrasté.

Si la création de la PNH avait suscité l’espoir d’une modernisation des forces de sécurité haïtiennes, les défis rencontrés depuis sont nombreux : manque de moyens, infiltration politique, faiblesse institutionnelle, corruption interne et surtout, montée en puissance des groupes criminels. En 2024, plusieurs zones urbaines du pays ont basculé sous le contrôle de gangs lourdement armés, réduisant considérablement la capacité d’intervention de la police.

Selon les données officielles, la PNH compte actuellement environ 9 000 policiers opérationnels pour plus de 11 millions d’habitants. Ce chiffre est bien inférieur aux standards recommandés par l’Organisation des Nations Unies (1 policier pour 450 habitants). Faute d’effectifs suffisants et d’équipements adaptés, la police peine à faire face à la violence grandissante.

Malgré un environnement particulièrement hostile, les agents de la PNH continuent de remplir leur mission, souvent au péril de leur vie. Depuis janvier 2024, plusieurs dizaines de policiers ont été tués lors d’opérations contre des gangs armés. Dans des zones telles que Carrefour-Feuilles, Martissant, Cité Soleil ou encore certaines communes du département de l’Artibonite, les policiers opèrent sans véhicules blindés, avec des moyens de communication rudimentaires, et très peu de protection individuelle.

« Nous manquons de tout, mais nous n’avons pas abandonné notre devoir », témoigne un inspecteur affecté à Port-au-Prince, préférant garder l’anonymat. Les familles des agents tombés en service réclament davantage de soutien de l’État, tant moral que matériel.

Depuis plusieurs années, les autorités haïtiennes et les partenaires internationaux, notamment les États-Unis, le Canada et l’Union européenne, annoncent des programmes de renforcement de la PNH. Des formations spécialisées, des dotations en équipements et des appuis logistiques ont été promis. Mais sur le terrain, les policiers et la population constatent peu de changements concrets.

L’ancienneté des problèmes structurels — gouvernance défaillante, faiblesse du cadre juridique, absence de stratégie nationale claire — empêche toute réforme durable. Pour de nombreux experts, une refondation complète de l’appareil sécuritaire est désormais indispensable.

Alors que des cérémonies officielles sont organisées ce jeudi à l’occasion du 30e anniversaire de l’institution, plusieurs voix s’élèvent pour rappeler que la PNH reste à la fois une institution essentielle à la stabilité du pays et le symbole des limites actuelles de l’État haïtien. Entre espoir, frustration et détermination, l’avenir de la police nationale se joue à un moment critique pour l’ensemble de la nation.

La commémoration de cette date symbolique pourrait marquer un tournant si elle est accompagnée d’actions concrètes : une volonté politique affirmée, une mobilisation citoyenne et une coordination effective de l’aide internationale.

 

Smith PRINVIL

Apwopo Emmnanuel Hubert

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