Le rapatriement de Lise Jn-Baptiste, après plus d’un an passé dans un centre de détention en Malaisie, n’est pas seulement l’histoire d’une jeune femme enfin libre. C’est aussi celle d’un pays qui, malgré ses fragilités, a su mobiliser ses institutions pour défendre l’une de ses citoyennes et tenir le cap jusqu’au bout.
Il faut saluer l’effort diplomatique déployé. Plus de vingt-cinq correspondances, des dizaines de communications officielles, une coordination impliquant plusieurs ambassades haïtiennes ainsi que des autorités étrangères : rarement une affaire consulaire aura réclamé une telle endurance. Le passage de Lise au Vietnam, son accueil, son suivi, l’accompagnement pour ses visas de transit… rien de tout cela n’allait de soi. C’est la preuve qu’une diplomatie persévérante peut encore produire des résultats concrets, même dans les dossiers les plus complexes.
Mais au-delà de la réussite administrative, il y a l’essentiel : une vie humaine. Une jeune femme qui, malgré l’épreuve, a tenu bon, appris une nouvelle langue, développé des compétences, et fait preuve d’une force que bien des États peinent à offrir à ceux qu’ils détiennent. Sa résilience force le respect, mais elle nous oblige aussi à réfléchir.
Car si l’histoire de Lise se termine mieux qu’elle n’a commencé, elle met en lumière une réalité inconfortable : trop d’Haïtiens, chaque année, se retrouvent vulnérables à l’étranger, souvent parce que leurs conditions de départ traduisent l’effondrement de leurs opportunités chez eux. Le rôle de la diplomatie ne devrait pas être de réparer en urgence ce que la société n’a pas su protéger en amont.
Ce rapatriement représente une victoire, assurément. Une victoire de l’État haïtien quand il décide de se montrer à la hauteur. Une victoire de la solidarité entre missions diplomatiques. Une victoire, surtout, de la détermination humaine.
Mais il doit aussi devenir un engagement : celui de bâtir un pays où personne n’est contraint de risquer sa vie ou sa liberté pour espérer un avenir. Lise revient en Haïti. Souhaitons-lui la paix et la reconstruction personnelle qu’elle mérite. Et souhaitons, collectivement, que son histoire soit non seulement entendue, mais comprise.
Parce que derrière ce retour, c’est une question essentielle qui demeure : combien d’autres attendent encore que leur pays se rappelle d’eux ?
Echojounal echojounal.net