Haïti//Diplomatie: Absente, dignité en péril : Le silence complice du ministre des Affaires étrangères face aux dérives dominicaines.

Pendant que la République dominicaine expulse en masse des Haïtiens, humilie femmes enceintes, enfants et travailleurs réguliers sous les yeux d’un monde complice, le chef de la diplomatie haïtienne reste muré dans un silence à la fois honteux et dangereux. Jean-Victor Harvel Jean-Baptiste, ministre des Affaires étrangères, n’a ni convoqué, ni dénoncé, ni même haussé le ton. Un vide sidérant de responsabilité face à une politique migratoire dominicaine qui frôle l’épuration ethnique.

Où est la voix d’Haïti ? Où est le bras diplomatique d’un État souverain ? Alors que les exactions se multiplient et que le racisme d’État se banalise chez nos voisins, aucune action n’a été entreprise pour saisir la CARICOM, l’OEA, l’ONU ou toute autre tribune régionale et internationale. Pourtant, Haïti dispose de leviers. Le marché haïtien est stratégique pour l’économie dominicaine. Qu’attend-on pour user de mesures de rétorsion commerciales, de restrictions douanières, de sanctions ciblées ?

Mais peut-on vraiment attendre du ministre des Affaires étrangères qu’il défende la souveraineté haïtienne quand lui-même est éclaboussé par des accusations de détournement de fonds publics — à hauteur de 10 millions de gourdes par mois ? Cette somme, destinée à la sécurité nationale, serait siphonnée dans l’indifférence générale. Comment représenter un pays quand on trahit ses deniers ?

Il ne s’agit pas ici d’un simple dysfonctionnement administratif. Il s’agit d’une crise nationale de représentation. Des milliers d’Haïtiens vivant à l’étranger — y compris en territoire dominicain — sont aujourd’hui livrés à eux-mêmes, abandonnés par un ministère sans vision ni boussole.

Haïti ne peut se permettre de rester sans voix diplomatique alors qu’elle est humiliée à ses frontières, méprisée dans sa dignité et niée dans sa souveraineté. L’inaction du ministre Jean-Victor Harvel Jean-Baptiste n’est plus tolérable. Elle constitue un affront à notre histoire, à nos luttes, à nos martyrs, et à tous ceux qui croient encore que l’État peut protéger ses enfants, où qu’ils soient.

À ce stade, ce silence devient une forme de complicité. Et quand le silence devient complicité, la démission devient un devoir. Un ministre des Affaires étrangères incapable de défendre les droits de ses ressortissants, incapable d’ériger des garde-fous diplomatiques, incapable de faire entendre la voix de la République dans les forums internationaux, n’a plus rien à faire dans ce poste.

Le peuple haïtien mérite mieux. Il mérite une diplomatie offensive, alignée sur ses intérêts, enracinée dans sa souveraineté, et guidée par le respect inaliénable de la dignité humaine. Il mérite des dirigeants qui osent parler, qui osent dénoncer, qui osent agir.

Car aujourd’hui, ce n’est pas seulement la frontière qui est violée. C’est notre fierté nationale. C’est notre silence qui crie. Et c’est notre absence diplomatique qui tue.

 

Smith PRINVIL

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