Le 4 juin 2025 marque une date sombre pour l’inclusion et l’égalité dans le système scolaire américain. En interdisant aux élèves transgenres de participer aux sports féminins, le Nebraska ne protège pas le sport : il institutionnalise l’exclusion.
Sous couvert d’équité, cette loi votée à Lincoln par des élus majoritairement conservateurs et promulguée avec fierté par le gouverneur Jim Pillen n’est qu’une réponse politique à une panique morale savamment entretenue. Moins de dix élèves trans ont demandé à intégrer des équipes sportives depuis 2018 dans tout l’État. Et pourtant, la législature a choisi de construire un mur légal contre eux.
Ce qui devrait être un espace de développement, d’émancipation et d’éducation à la diversité devient un outil d’ostracisme. Les sports scolaires, au lieu de rassembler, deviennent un instrument de tri — les « bons » élèves d’un côté, les « déviants » de l’autre.
Le discours de la sénatrice Kathleen Kauth, énonçant avec brutalité que « les hommes sont des hommes, les femmes sont des femmes », sonne comme un refus catégorique d’écouter, de comprendre et d’évoluer. Derrière ces mots inflexibles, ce sont des enfants qui se voient rejetés, stigmatisés, réduits à une catégorie légale qui nie leur identité.
La manœuvre politique est aussi limpide que cynique : flatter une base électorale conservatrice en pleine période de surenchère idéologique, dans un climat national polarisé depuis le retour de Donald Trump à la présidence. L’enjeu n’est plus la protection des droits, mais la mobilisation des peurs.
Face à cette vague réactionnaire, les défenseurs des droits civiques, comme l’ACLU, tiennent bon. Mais leur combat ne devrait pas être un combat solitaire. Car chaque loi comme celle-ci envoie un message dangereux à la jeunesse transgenre : tu n’as pas ta place ici.
Il est temps de rappeler que les valeurs du sport — respect, solidarité, dépassement de soi — sont incompatibles avec la ségrégation. Il est temps que les États-Unis, loin de s’enfermer dans une logique de rejet, redonnent à leurs écoles le rôle qui devrait être le leur : celui de lieux de progrès, de tolérance et d’ouverture.
Le sport n’appartient à personne. Il doit être un espace pour tous.
Smith PRINVIL