Pourquoi l’astrologie qui vise à prédire l’avenir ou à mieux se connaître n’est-elle pas compatible avec l’espérance chrétienne ? Explications.
En janvier, les ouvrages de prévision par signe zodiacal s’arrachent à des dizaines de milliers d’exemplaires, et la presse féminine regorge d’horoscopes promettant de connaître son destin pour l’année à venir. Recherche d’un appartement, de l’âme sœur, d’un nouveau poste… autant de préoccupations pour lesquelles, affirment certains sondages, un Français sur dix aurait consulté un astrologue.
Des responsables politiques feraient de même, à l’instar de François Mitterrand qui se rendait discrètement chez Élizabeth Teissier qui avait faussement prédit la «victoire» de l’équipe de France de football à l’Euro 2008 ou «une année géniale» pour Dominique Strauss-Kahn en 2011…
Cette astrologie prédictive est-elle compatible avec la foi chrétienne ? Si l’Ancien Testament conserve quelques traces des pratiques divinatoires très répandues dans l’Orient antique, la foi biblique les condamne très tôt sans appel, au nom même du monothéisme.
«Dans l’astrologie divinatoire, le soleil ou la lune étaient considérées comme des divinités, alors que la Révélation biblique “démythologise” la nature pour professer la foi en un seul Dieu, créateur», explique l’exégète Jesus Asurmendi, directeur du Centre pour l’intelligence de la foi (CIF).
La Bible affirme aussi la liberté de l’homme : «S’il n’y a pas de liberté, il n’y a pas de prophétisme non plus… tout le message des prophètes bibliques est un appel à la conversion et un rappel constant qu’un autre avenir est possible», poursuit-il.
Réfuter l’idée d’un destin qui s’impose
Citant la tradition biblique – le Deutéronome (18, 9-22) et le prophète Jérémie (29, 8-15) –, le Catéchisme de l’Église catholique condamne ainsi «la consultation des horoscopes et l’astrologie» parce qu’elles «recèlent une volonté de puissance sur le temps, sur l’histoire et finalement sur les hommes en même temps qu’un désir de se concilier les puissances cachées»
Les Pères de l’Église ont dû à leur tour réfuter l’astrologie pour sauvegarder la liberté de Dieu et celle de l’homme. «Il leur fallait réfuter l’idée païenne d’un “fatum” (destin, en latin) qui serait écrit quelque part et auquel l’homme serait soumis», rappelle le jésuite Dominique Salin, qui enseigne la théologie spirituelle au Centre Sèvres, à Paris.
Ne pas se laisser aller à la fatalité
Au Moyen Âge, même si certains grands astrologues étaient des hommes d’Église, l’astrologie se voyait toujours reprocher d’entretenir une conception déterministe du destin et un désir idolâtrique de maîtriser l’avenir. «Thomas d’Aquin ne condamnait pas l’idée que les astres puissent avoir une influence sur le comportement humain», rappelle Yves Lenoble, enseignant à l’École d’astrologie parisienne Agape.
Mais pour lui, c’était «une abomination devant l’Éternel» d’accorder de l’importance à cette éventuelle influence. «Loin de nous laisser impressionner par la fatalité que propagent les astrologues, libérons-nous, et diminuons les astres», enjoignait-il à un autre théologien, Réginald de Piperno : «Qu’ils nous éclairent et nous aident, mais sans toucher notre pleine responsabilité et liberté.»
Imprégnés de cette longue tradition, les chrétiens se gardent généralement de lire les rubriques astrologiques. «Aucune revue née dans le groupe Bayard ne propose d’horoscope», confirme le P. Patrick Zago, assomptionniste et ancien membre du directoire du groupe de presse propriétaire de La Croix. «L’attitude chrétienne juste consiste à s’en remettre avec confiance entre les mains de la Providence pour ce qui concerne le futur et à abandonner toute curiosité malsaine à ce propos», poursuit le Catéchisme de l’Église catholique.
¢la croix