Interdire les Haïtiens d’Amérique : la honte d’une puissance

Il y a des images que l’Histoire retiendra. Des hommes à cheval fouettant des migrants noirs à la frontière texane. Des familles haïtiennes parquées sous des ponts, entourées de policiers armés. Des bateaux interceptés en mer et renvoyés vers la mort. Ces images-là ne viennent pas d’un lointain passé colonial. Elles sont d’hier. D’aujourd’hui. D’un présent brutal, injustifiable. Et elles portent un nom : l’exclusion racialisée.

Car il faut cesser de faire semblant. Ce que vivent les Haïtiens à la frontière américaine n’est pas le fruit du hasard, ni d’un simple durcissement administratif. C’est une politique délibérée d’humiliation et de rejet, ciblant une population que l’Amérique n’a jamais vraiment acceptée.

Haïti, cette petite île qui osa briser ses chaînes en 1804, n’a jamais été pardonnée pour cet acte de fierté. Les grandes puissances, États-Unis en tête, l’ont regardée avec méfiance, condescendance, voire hostilité. Aujourd’hui encore, cette mémoire pèse. L’homme haïtien, la femme haïtienne, ne sont pas accueillis comme des réfugiés, mais repoussés comme des indésirables.

Or, que fuit ce peuple ? La guerre ? Oui. Mais une guerre sans nom, sans diplomates, sans caméras. Une guerre menée par les gangs, les armes, la faim, l’anarchie. Une guerre dans laquelle l’État haïtien est absent, détruit, complice parfois. Et que fait l’Amérique ? Elle ferme la porte. Elle expulse. Elle criminalise.

Pourquoi ce deux poids, deux mesures ? Pourquoi les Ukrainiens bénéficient-ils d’un statut spécial, tandis que les Haïtiens sont traités comme des intrus ? Pourquoi les Vénézuéliens reçoivent-ils la protection temporaire, pendant que les Haïtiens sont renvoyés sur le champ ? La vérité dérange, mais elle est là : la couleur de peau, la pauvreté, et l’histoire coloniale pèsent encore dans les décisions des États démocratiques.

Un tel traitement n’est pas seulement une faute diplomatique. C’est une faute morale. Un abandon de l’humanisme le plus élémentaire. Quand on ferme la porte à des gens qui fuient la mort, on ne protège pas une frontière : on sacrifie notre humanité.

Il est temps que cela cesse. Il est temps de parler d’égalité migratoire. Il est temps de reconnaître la dignité des Haïtiens. L’Amérique ne peut pas se prétendre gardienne des droits de l’homme et refuser, à ses portes, ceux qui en ont le plus besoin.

Le monde regarde. L’Histoire jugera.

 

Smith PRINVIL

Apwopo Emmnanuel Hubert

Ou ka gade tou

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