Port-au-Prince, 24 mai 2025- Haïti, située dans les Caraïbes, est l’un des pays les plus vulnérables face aux changements climatiques. Au cours des dernières décennies, des phénomènes climatiques extrêmes et des changements environnementaux significatifs ont été observés, mettant en péril les écosystèmes, les ressources naturelles et les moyens de subsistance des populations.
Dans ce contexte de crises multiples, l’économie et la société haïtienne dépendent de l’environnement et de conditions climatiques stables. En ce sens, Ruth Sherline JEAN CLAUDE, Ingénieure Agronome et Responsable du Centre de Renforcement des Acteurs de la Production Agricole (CRAPA), résidant aux Cayes, dans le département du Sud d’Haïti a évoqué quelques phénomènes les plus notables comme l’intensification des sécheresses, des pluies irrégulières, ainsi que l’augmentation des températures, entraînant une dégradation des sols et des pertes agricoles.
À en croire la militante des droits humains oeuvrant dans le domaine de la protection de l’environnement, ces changements affectent profondément les conditions de vie de la population, aggravant l’insécurité alimentaire, augmentant les migrations rurales et accentuent la pression sur les zones urbaines. Qui pis est les cyclones et inondations récurrents, amplifiés par les changements climatiques, détruisent régulièrement les infrastructures agricoles et les habitations, rendant les populations encore plus vulnérables.
Dans ce contexte de crises multiples, la déforestation, très présente en Haïti, joue un rôle critique dans l’érosion des sols, la perte de biodiversité, et la diminution des capacités de rétention d’eau, ce qui aggrave les conséquences des périodes de sécheresse. De plus, il est apparu une migration croissante des jeunes et des producteurs vers les villes ou l’étranger, en quête de meilleures opportunités, laissant ainsi les zones rurales appauvries en main-d’œuvre et en innovation a souligné Madame JEAN CLAUDE.
Face à cette réalité, la Défenseure de l’Égalité des Genres et de la Résilience Climatique en Haïti a évoqué de nombreuses stratégies telles que l’introduction de cultures adaptées, la formation sur la conservation des sols et la mise en place de projets de reboisement. Madame JEAN CLAUDE a souligné l’importance des femmes dans l’adoption de pratiques résilientes, nécessitant plus de soutien spécifique en matière de formation et de financement.
Bien que les autorités locales aient entreprises des initiatives comme la distribution de semences résistantes ou des projets de sensibilisation, ces mesures restent insuffisantes pour répondre aux besoins urgents, notamment l’accès aux systèmes d’irrigation modernes, au financement pour les petits producteurs et à des infrastructures rurales renforcées, notamment des routes et des marchés.
L’insécurité foncière demeure un obstacle majeur, car de nombreux agriculteurs, ne possédant pas de titres de propriété, hésitent à investir dans des pratiques agricoles durables. Malgré ces défis, il est crucial de valoriser les connaissances locales des agriculteurs haïtiens, qui possèdent des savoir-faire traditionnels pouvant être combinés avec des approches modernes pour renforcer la résilience climatique. En outre, le renforcement des chaînes de valeur agricoles, incluant la transformation et le stockage des produits, est essentiel pour réduire les pertes post-récolte, particulièrement en période de catastrophes naturelles.
À ce stade, la spécialiste en environnement a mis l’accent sur l’implication de la diaspora haïtienne, qui pourrait jouer un rôle significatif en investissant dans des projets agricoles résilients et en fournissant un soutien technique et financier. En parallèle, l’éducation et la sensibilisation des jeunes aux enjeux climatiques doivent être renforcées pour encourager leur participation active dans la lutte contre ces défis a t-elle avancé.
Question de promouvoir l’économie contractuelle dans le cadre du développement des filières vertes, afin de garantir une meilleure structuration et un soutien durable aux producteurs. Par ailleurs, il convient de renforcer et de vulgariser le fonds vert sur le climat, en créant une ligne de crédit à 0% d’intérêt pour les entreprises, ce qui encouragera les initiatives écologiques et la transition vers des pratiques plus durables.
Municipalités et collectivités territoriales en collaboration avec les acteurs locaux sont donc amenées à jouer un rôle clé de catalyseur pour un développement durable qui contribue à la sécurité alimentaire, en développant des pôles de recherche-développement, en renforçant l’économie collaborative et institutionnelle entre les universités, notamment sur les thématiques ayant rapport au changement climatique.
Dans sa lutte acharnée en faveur le climat, l’environnementaliste Ruth Sherline JEAN CLAUDE invite le gouvernement haïtien à renforcer les projets d’agroforesterie dans le Grand Sud d’Haïti. Il s’agira d’une approche importante pour lutter contre la dégradation des sols, protéger la biodiversité et améliorer les conditions de vie des producteurs agricoles.
Dans un contexte où le monde s’emploie à respecter les Objectifs de Développement Durable et l’accord de Paris, le dérèglement climatique bouleverse profondément ce jeu de risques et d’opportunités pour Haïti. Il est donc d’une impérieuse obligation de mobiliser tous les acteurs autour d’une vision commune pour protéger les ressources naturelles, encourager des pratiques agricoles durables et construire une Haïti résiliente face aux changements climatiques et à l’insécurité alimentaire.
Ruth Sherline JEAN CLAUDE
Ingénieure Agronome
Spécialiste en Genre et Gestion de l’environnement
Echojounal echojounal.net