Renforcer le système de sécurité sociale en Haïti à travers l’Office National d’Assurance-Vieillesse: un défi pour le Conseil Présidentiel de Transition et le Premier Ministre Garry CONILLE.

La question de la protection, de la promotion et de la sécurité sociale est extrêmement importante dans le système social d’un pays. Au niveau de la sécurité sociale, à l’échelle mondiale, c’est le 4 juin 1952 que l’Organisation internationale du travail (OIT) a adopté la convention 102 en termes de dispositions relatives à la norme minimum de la sécurité sociale. Elle prend en compte les soins médicaux, le chômage, les accidents de travail, la vieillesse, la maternité, l’invalidité, le décès, la maladie et les prestations sous forme d’allocations. De manière globale, chaque pays a son propre système de protection, de promotion et de sécurité sociale qui désigne des systèmes institutionnels conçus pour réduire les inégalités et discriminations et protéger les populations les plus vulnérables.

En Haïti, le système de protection, de promotion et de sécurité sociale est défaillant et risque de sombrer à tout moment. La sécurité sociale, composante de ce système, qui prend en compte, de manière générale, la maladie, les accidents de travail, les prestations familiales et la vieillesse, est dans une situation critique à tous les niveaux. Ceci, bien avant la crise sociale, politique et économique chronique qui sévit dans le pays depuis près d’une quinzaine d’années.

La crise sociale critique et délétère, caractérisée par des millions de personnes en situation d’insécurité alimentaire, des milliers de personnes de toutes catégories croupissant dans des camps désastreux, des centaines d’emplois perdus, l’interdiction de la libre circulation des personnes et des biens sur des axes routiers stratégiques, freinant l’accès aux départements tout en bloquant l’accessibilité aux salles de classe, à l’éducation et à la formation pour des milliers d’écoliers, d’universitaires et le dysfonctionnement de plusieurs hôpitaux, ne fait qu’aggraver la situation.

En termes de chiffres, en 2021, les personnes âgées de plus de 65 ans, généralement en situation de misère et de conditions quotidiennes de vie exécrable, représentaient 4,5 % de la population du pays (PAOH, 2021). En 2023, plus de 100,000 enfants risquaient de mourir de faim. Les chiffres de 2024 demeure inconnus. Le taux de mortalité infantile et maternelle en Haïti demeure très élevé soit 45,4% pour 1000 comparativement aux autres pays de la Caraïbes et de l’Amérique latine. Parallèlement, les dépenses publiques de santé représentent une pourcentage extrêmement faible d’année en année du produit intérieur brut. Le nombre d’individus déplacés en Haïti se maintient à 362.500 personnes début du mois d’avril, dont 89,000 dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince, près de 5 millions de personnes, soit la moitié de la population haïtienne classifiées en insécurité alimentaire (Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA, 2024).

Ces statistiques montrent qu’aujourd’hui, l’atmosphère sociale du pays est inquiétante et chaotique. Le pays est en lambeaux. Les moindres efforts qui ont été consentis en matière de sécurité sociale sont anéantis. En ce temps de crise, il faut une nouvelle perspective et une lueur d’espoir. Il est impératif de renforcer l’organisation du système de sécurité sociale du pays, particulièrement l’Office National d’Assurance-Vieillesse (ONA), qui doit être plus apte à satisfaire les travailleurs en termes de prestations sociales et contribuer davantage à la stabilité et à la cohésion nationale indispensable dans le processus de redémarrage.

Comme mentionné dans un précédent article, les syndicats et les employés syndiqués de l’Office National d’Assurance-Vieillesse (ONA) avaient demandé et renouvellent encore leur demande au Conseil Présidentiel de Transition (CPT), au Premier Ministre Garry CONILLE et à son futur gouvernement, ayant à leur charge de créer la base de ce destin nouveau, de faire enfin de la sécurité sociale un droit humain total en Haïti.

Les employés syndiqués gardent l’espoir que le CPT et le premier ministre travailleront à l’amélioration de la situation de gouvernance chaotique qui règne à l’Office et le conduiront, une fois pour toutes, sur une voie non-violente et plus prospère.

À titre de rappel, l’Office National d’Assurance-Vieillesse (ONA) est la seule institution publique œuvrant en matière d’assurance et de sécurité sociale dans le pays. Malheureusement, durant les dernières décennies, presque tous les Directeurs Généraux ont échoué dans l’application de cette noble tâche. Les rapports d’audit de la Cour Supérieure des Comptes et du Contentieux Administratif (CSC/CA: 2018) et celui de l’Unité de Lutte contre la Corruption (ULCC: 2023) sont les exemples les plus criants expliquant l’échec des différents Directeurs Généraux passés, choisis trop souvent dans des institutions externes pour diriger l’ONA.

Face à cet état des lieux peu reluisant et après maintes réflexions, l’ensemble des syndicats, groupes organisés et employés des quatorze bureaux régionaux et annexes, ont décidé qu’il est opportun de choisir un cadre interne pour diriger l’institution. C’est une occasion unique pour mettre un terme au cycle infernal de gestion douteuse et calamiteuse qui a toujours prévalu au sein de l’Office. Les syndiqués et les employés croient que le Conseil présidentiel de transition (CPT) et le premier ministre ont l’occasion de marquer l’histoire de l’Office.

Nous rappelons pour une deuxième fois que, en optant pour un cadre interne, l’Office bénéficierait de la mise en place de stratégies adaptées correspondant aux enjeux spécifiques de l’heure. La mise en place d’un Directoire compétent représente une proposition prometteuse pour redresser l’ONA et restaurer la confiance du public dans cette institution cruciale pour la sécurité sociale et le développement du pays.

Dans cette démarche, toutes les structures organisées de l’Office s’inscrivent dans cette voie et prennent déjà les dispositions de concertation et de mobilisation nécessaires à cette fin parce qu’elles sont les principales victimes.

Les cadres choisis (Directeurs et Directeurs adjoints) qui seront sélectionnés pour l’entrevue doivent avoir une solide expérience dans le domaine de la sécurité sociale. De plus, ils doivent faire preuve d’intégrité, de transparence et de compétence dans l’exercice de leurs fonctions. Ils sont astreints également à être capables de travailler en équipe et de mobiliser les ressources (humaines et financières) disponibles de manière efficiente. Également, ils sont tenus d’avoir une vision stratégique à long terme, capable de guider l’ONA vers un avenir plus stable et plus prospère afin d’impacter la vie des employés, des six mille (6,000) pensionnés et celle de plus de trois cent quatre-vingt mille (380,000) assurés de l’office.

Nous sommes en attente de cette volonté manifeste de changer ce pays et de débuter, la réforme de la sécurité sociale pour de meilleurs résultats et un changement social avec cette nouvelle équipe.

Proposition pour une Meilleure Gestion de l’ONA

Étant donné que les membres du CPT ainsi que le premier ministre n’ont pas tout-à-fait une idée juste de tous les employés de l’ONA en termes de qualité et de capacité, il serait mieux de procéder à un recrutement basé sur la transparence et l’équité pour choisir un ou une employé (e) honnête, compétent (e) et expérimenté (e).

Ainsi, il est conseillé d’ouvrir le processus de recrutement à un plus grand nombre de postulants car, dans tous ses bureaux, l’ONA regorge d’employés compétents.

Pour arriver à cette fin, il est suggéré de:

– Inclure les employés des bureaux centraux ainsi que des bureaux régionaux et communaux qui possèdent les compétences, l’expérience et l’ancienneté nécessaires pour diriger l’ONA.

* Assurer un processus de recrutement équitable, transparent et axé sur les compétences.

* Garantir la légitimité du processus en évaluant chaque candidat sur des critères objectifs et mesurables.

À cet effet, il faut envisager la création d’un comité de professionnels responsables de la première évaluation des candidats afin d’assurer une sélection impartiale et rigoureuse. Cette démarche favorisera non seulement le bien de l’ONA mais aussi, elle va promouvoir la valorisation des compétences internes.

L’ONA compte un grand nombre d’employés, dont 53 % sont des femmes. Ces employés, pour la plupart formés, disciplinés et sur lesquels ne pèsent aucun soupçon de fraude, possédant une solide expérience, méritent d’être pris en considération pour des postes de responsabilité dans tout le pays.

Alignement avec les priorités nationales :

Le Premier Ministre a récemment souligné dans une déclaration que son gouvernement accordera la priorité aux femmes, représentant 52 % de la population et à la jeunesse, constituée de 54 pourcent de la population âgée de moins de 25 ans, avec 31 pourcent dans la catégorie d’âge de 10 à 24 ans (UNICEF, 2019). En ouvrant le processus de recrutement et en valorisant les compétences internes, notamment celles des femmes, l’ONA peut devenir un modèle d’inclusion et de méritocratie, en accord avec les objectifs nationaux.

En conclusion, en adoptant une approche inclusive et transparente, nous pouvons non seulement identifier les meilleurs candidats pour diriger l’ONA, mais aussi promouvoir une culture de confiance et de respect mutuel, essentielle pour le redressement de cette institution cruciale pour la sécurité sociale et le développement du pays.

Signataires de la proposition pour les structures syndicales et les groupes organisés :

.Rubson BRUMAIRE
.Jean Maudrel J. LESTIN
.Germain BELDORIN

Apwopo Emmnanuel Hubert

Ou ka gade tou

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Pandan sityasyon an depase konplike pou popilasyon an, yo pa ka voye pitit yo lekòl, …