Echojounal Echojounal se jew zòrèy ou
Atik Ki Lye
En ce 18 mai, jour de mémoire et de résistance pour le peuple haïtien, le pays perd l’une de ses voix les plus lucides et constantes : Didier Dominique s’est éteint ce dimanche matin à Pétion-Ville, emporté par un cancer du pancréas à l’âge de 73 ans. Hospitalisé depuis deux semaines, l’architecte, professeur et militant syndical laisse un vide immense dans le monde intellectuel et les milieux de lutte sociale.
Figure de proue du syndicalisme haïtien, Didier Dominique aura marqué son époque par son engagement intransigeant contre l’injustice, l’exploitation et la reproduction d’un ordre social profondément inégalitaire. Professeur de sociologie urbaine à l’Université d’État d’Haïti (UEH), il a formé, inspiré, éveillé. À travers ses cours, ses interventions publiques et ses combats, il a toujours cherché à relier théorie et pratique, science et conscience.
Militant au sein du Bureau des Droits Humains en Haïti (BDHH) et de nombreux autres collectifs, Dominique s’est toujours tenu du côté des travailleurs, des oubliés, des opprimés. Sa voix, calme mais ferme, portait une critique radicale de l’ordre établi – une voix rare, rigoureuse et fidèle à elle-même.
Auteur aux côtés de son épouse défunte, l’ethnologue Rachel Beauvoir, du célèbre essai Savalou E – primé en 1989 – il laisse aussi une œuvre intellectuelle nourrie par une approche décoloniale et populaire de la culture haïtienne.
La nation haïtienne, en quête de repères, perd un homme debout. Ses anciens étudiants, ses camarades de lutte, ses collègues, et tous ceux qu’il a inspirés, lui rendront hommage dans les jours à venir.
Didier Dominique n’est plus, mais son combat reste. Et sa mémoire continuera d’éclairer celles et ceux qui refusent de plier face à l’injustice.
Smith PRINVIL
